La Dame représentait le Comte, pourquoi ne pas exagérer une première fois ? Elle avait choisi sa garde. Quatre hommes armés aux larges épaules et à l'air arrogant la suivaient à cheval, et deux autres la précèdaient. Et puisqu'il l'avait suppliée à genoux, elle avait choisi Florent, son jeune palefrenier, comme cocher, pour conduire six des chevaux de Champagnole. Enfin, la Dame n'avait surtout pas pu résister à l'envie de remplacer l'habituel vieux cocher et de le voir, grincheux, laissé pour compte à l'écurie. Seigneur, elle l'imaginait maintenant râcler les excréments des chevaux et s'en délectait, complètement ravie. Ce vieux l'avait tant fait rager... Combien de fois lui avait-il refusé une escorte, sous le minable prétexte qu'il ne pouvait pas autoriser quelqu'emprunt de carosse que ce soit sans l'accord du Comte ? Le Comte était absent ! Et elle était sa vassale, bon sang, mais elle avait dû voyager seule avec sa garde, soit... deux hommes... et pas qu'une fois ! Enfin, désormais, c'est lui qui pouvait tempêter. Zelda louait son Suzerain : elle avait tout pouvoir de décision... Pour un temps limité, oui, mais tout de même. Et elle comptait bien en profiter.
-Ma Dame, êtes-vous certaine de n'avoir rien oublié ? demanda inutilement Madeline pour entamer la conversation. 'Savez, de vos tenues, de vos bijoux, ajouta-t-elle en voyant l'air interrogateur de sa maîtresse, pour les quelques jours que nous passerons peut-être,...
Cela lui allait bien, à sa dame de compagnie, cet air nettement moins assuré, presque soumis. Cela contrastait merveilleusement bien avec son habituel caractère de femme autaine et orgueilleuse. Comment résister à l'envie de sourire ?
Zelda détourna le regard en direction de la fenêtre avant la fin de sa phrase et n'entendit que plus ou moins son sourd cri, au moment où le carosse passait une imperfection de la route. Une forêt, un lac, une maison en ruines; elle arrivait à trouver, tout au long du voyage, les points de repaire qu'elle s'était fixés à l'occasion de ses premières visites au Vicomte. Ils arriveraient bientôt. Elle l'espèrait, du moins. Parce qu'elle avait beau taper sa main, tapoter son molet du bout du pied, Madeline ronflait et rendait impossible le sommeil dans lequel Zelda aurait voulu sombrer. Le voyage aurait semblé moins long... même s'il l'était franchement moins que pour les Flandres. D'ailleurs, c'était une chance !
-Madeline, réveillez-vous, nous y sommes.
Le carosse s'immobilisa, et Florent anonça la Dame de Sapois, de laquelle le Vicomte de Saulx attendait la visite. Et celle-ci se demanda, en essayant encore de percer la noirceur de son regard, si le Baron que le Vicomte avait aussi invité y était déjà.
![[RP] Arrivée de la Dame de Sapois Icon_minitime](https://2img.net/i/fa/icon_minitime.gif){kind=icon}
Lun 5 Mai - 4:21